
Le Premier ministre sénégalais Ousmane SONKO foule le sol ivoirien ce jeudi 29 mai, pour une visite officielle de 3 jours.
Derrière les sourires diplomatiques, résonne comme une leçon de géopolitique appliquée. Ce n’est pas une visite de courtoisie. C’est un ré-alignement stratégique, une reprise de contact avec le centre de gravité ouest-africain : Abidjan.
Ousmane Sonko, souverainiste sous d’autres cieux, arrive à Abidjan avec dans la valise pleine de contraintes : déficit budgétaire explosif, pressions sociales en gestation, chute de confiance des bailleurs, et un environnement économique rendu toxique par des postures idéologiques irréalistes.
L’homme fort de Ziguinchor se heurte au mur du réel : les slogans ne paient pas les fonctionnaires, les tweets ne construisent pas les routes, les incantations n’attirent pas les investisseurs.
Pendant que le Sénégal balbutie sa stratégie régionale, hésitant entre AES et CEDEAO, la Côte d’Ivoire, elle, trace sa route. Solide, structurée, calibrée. Elle n’improvise pas, elle anticipe.
L’élection à la présidence de la Banque Africaine de Développement (BAD) fut un révélateur brutal. Dakar proposait son candidat. Abidjan, sans bruit, choisit de soutenir la Mauritanie. Résultat : KO diplomatique pour le Sénégal.
Ce n’était pas un accident. C’était un signal. La Côte d’Ivoire, en pleine montée en puissance régionale, rappelle aux autres capitales que le leadership ne se décrète pas. Il se mérite, il se construit, il se consolide.
La BAD a son siège à Abidjan. Elle est une vitrine de stabilité, de stratégie, d’ancrage international. Ce que Dakar voulait incarner, Abidjan le réalise déjà.
Pendant ce temps, l’euphorie souverainiste AES semble s’essouffler.
La rhétorique anti-française a atteint ses limites : elle n’a ni réduit la pauvreté, ni stoppé l’insécurité.
La Côte d’Ivoire, elle, a avancé sans fracas. Elle ne s’est pas retirée du système. Elle l’a dominé. Elle n’a pas crié “à bas la France ou la Russie ” ; elle a parlé d’égal à égal à Bruxelles, Washington, Pékin et Moscou.
Et pendant qu’autour on organise des concerts de propagande souverainistes, à Abidjan on signe des accords bilatéraux.
Le jumelage entre Bouaké et Ziguinchor a une portée fraternelle. Mais ne nous y trompons pas : la vraie signature de cette visite se joue dans les couloirs feutrés de la Primature, pas sur les places publiques.
L’agenda principal du Premier Ministre Sénégalais n’est pas une rencontre entre deux villes. C’est une tentative de réancrage du Sénégal dans la réalité ouest-africaine. Une réalité qui se définit de plus en plus… sans lui.
Pendant que d’autres rêvaient de renverser la table, Alassane Ouattara a redessiné la carte du pouvoir ouest-africain.
Il a transformé Abidjan en centre nerveux du continent : Bourse, BAD, multinationales, start-up, infrastructures…
Il a soutenu des transitions maîtrisées, sans hystérie populiste.
Il a vu les “enfants turbulents” de l’AES s’isoler… et il a attendu.
Et aujourd’hui, ils reviennent. Un à un. Tête basse. Le Niger ne s’en cache plus. S’en vante d’ailleurs.
Sonko ne vient pas en chef. Il vient en élève. Lucide. Prudent. Moins vindicatif. Plus réaliste. Il a compris que l’Afrique ne se construit pas sur YouTube, ni sur les chaînes russes, mais dans les centres de décision économiques.
À tous les pseudo-panafricanistes qui rêvaient d’un renversement de l’ordre ouest-africain, à tous les trolls pro-russes qui pensaient faire tomber Abidjan comme un château de cartes : il est temps de se réveiller.
Abidjan n’a pas fléchi. Elle a absorbé les chocs, renforcé ses alliances, et imposé sa vision.
Les autres s’agitent. Elle avance.
Les autres crient. Elle bâtit.
Les autres rêvent. Elle gouverne.
La visite de Sonko, c’est une page nouvelle. Non pas une reddition, mais une reconnaissance implicite des équilibres géostratégiques en place. Le Sénégal cherche à retrouver sa crédibilité. Et pour cela, il vient s’inspirer… à la source.
Et pendant que les apprentis révolutionnaires tournent en rond dans leurs alliances avec le nouveaux maître, la Côte d’Ivoire, elle, attire, apaise, influence.
La politique, c’est des faits, des actes concrets, pas des acrobaties verbales. Et Abidjan l’a compris.
Karim FANY
Maire d’Issia






























