
Le ministre-gouverneur de Yamoussoukro, Augustin Thiam, a récemment livré une déclaration publique qui en dit long — non pas sur sa fatigue — mais sur son manque de loyauté et de courage politique.
« J’ai 72 ans. Je suis fatigué. Je ne suis pas un politicien. Je veux me retirer », a-t-il lancé, comme s’il découvrait subitement que l’exercice du pouvoir exigeait abnégation, rigueur et endurance.
Ce n’est pas seulement son âge qui interroge. Ce qui inquiète davantage, c’est l’attitude d’un haut responsable de la République qui, au lieu de faire preuve de clarté et de loyauté, choisit de se présenter en martyr, en pleine tourmente politique.
Mais derrière cette posture théâtrale, un fait apparaît de plus en plus évident : Augustin Thiam semble vouloir rejoindre le camp de son frère cadet Tidjane Thiam, récemment reconduit malencontreusement, aux antipodes des règles de l’art à la tête du PDCI-RDA dans une ambiance plus que douteuse.
Et cela, sans le courage de l’assumer publiquement.
Une légèreté déconcertante.
Faut-il y voir une solidarité familiale qui l’emporte sur l’éthique républicaine ? Augustin Thiam prend de plus en plus clairement fait et cause pour Tidjane Thiam — un homme dont la légèreté dans les affaires publiques et les dossiers juridiques inquiète au plus haut point. Pourvu que cette instabilité ne soit pas inscrite dans l’ADN familial… on s’interroge sérieusement, sans pour autant confirmer ni infirmer.
Tidjane Thiam devra bientôt répondre devant le procureur de la République pour des faits graves : une fraude manifeste lors de son inscription sur la liste électorale en tant que citoyen français, alors même que la loi ivoirienne l’interdit formellement.
À cet effet, un groupe de citoyens ivoiriens envisage actuellement de saisir officiellement un juge d’instruction. La justice fera son travail.
Mais pendant ce temps, Augustin Thiam tente une sortie en douce, comme s’il cherchait à se repositionner, sans éclats ni responsabilités, aux côtés de son frère, dont il sait pourtant qu’il traîne déjà une lourde valise judiciaire.
Déloyauté, victimisation… et calcul
« On me cherche les poux dans la tête alors que je suis chauve », s’est-il plaint, frôlant le ridicule. Il se dérobe à ses responsabilités, se victimise, et laisse planer une ambiguïté malsaine.
Qu’a-t-il réellement fait pour Yamoussoukro ? Quel projet structurant, quelle vision ? Très peu, voire rien. Et au lieu d’assumer, il joue aujourd’hui la carte de l’épuisement, continuant de « pitoyablement bouffer l’argent du contribuable ivoirien », sans compétence avérée, après la confiance que le Président de la République a placée en lui.
Il parle de Téné Ibrahim. Quelle malhonnêteté intellectuelle ! Quelle comparaison ridicule !
Qui empêche le gouverneur déloyal de rejoindre son frère Tidjane Thiam ? Il suffit d’un tout petit courage : démissionner de son poste de ministre-gouverneur. Ce serait d’ailleurs un bon débarras pour incompétence avérée.
Au demeurant, s’il voulait démissionner, il le ferait avec courage, en adressant une lettre officielle à l’autorité compétente. Mais aucune lettre n’a été transmise, et surtout, aucune position claire n’est exprimée.
Il faut le dire sans détour
Ce n’est pas d’un ministre-gouverneur plaintif dont Yamoussoukro a besoin. C’est d’un homme debout, loyal, transparent, capable de se tenir fermement aux côtés du Président Alassane Ouattara dans les moments décisifs.
Si Augustin Thiam n’en a plus la force ni la volonté, qu’il s’efface avec dignité, au lieu de naviguer à vue entre calcul politique, solidarité familiale douteuse et posture ambiguë.
La République mérite des serviteurs fidèles.
Pas des hésitants. Pas des complices.
Pas des fuyards.
Augustin Thiam doit faire un choix. Et surtout, l’assumer.
Sans détour, sans plainte, sans masque.
Par Soumahoro Alfa Yaya. Journaliste Écrivain.




